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#Téléconsultation : #Paroles de #Médecins

La crise sanitaire a accéléré les choses. Dans la Vienne, la téléconsultation en libéral a explosé. Patients et médecins s’y mettent.

Paroles de praticiens qui ont sauté le pas.

C’est indéniable, sans la crise du Covid, nous n’aurions pas autant téléconsulté, confie le docteur Philippe Boutin, médecin généraliste aux Couronneries, adepte de la visio depuis mars 2020. Selon la caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de la Vienne, « de mars à novembre 2020, près de 75.000 téléconsultations en libéral ont été effectuées ».
L’an dernier, sur la même période, on comptait « moins de 200 téléconsultations ».
330 médecins sur 450  dans la Vienne téléconsultent.
Dans la Vienne, 450 généralistes consultent. « 330 médecins ont mené au moins une téléconsultation sur la période mars-novembre. »
L’accompagnement financier aux plateformes (comme Doctolib, Qare…) a fortement incité les praticiens à sauter le pas. « L’abonnement aux plateformes était gratuit pendant la crise sanitaire », souligne le Dr Boutin, par ailleurs président du groupement européen des médecins libéraux (EANA).
Mais ce n’est pas la seule raison de cet intérêt soudain, puisque « depuis que c’est payant, très peu ont fait le choix de renoncer ». Pour sa part, le médecin des Couronneries fait « quatre à cinq téléconsultations par jour ». Il loue le côté pratique : « La prise en charge est à 100 %. La gestion est simple entre AMO (assurance-maladie obligatoire) et AMC (assurance complémentaire obligatoire).
C’est indéniable, il y a moins de paperasse ! ».

Concrètement, comment se passe une consultation en visio ? « Le patient attend dans une salle d’attente virtuelle. Dès que le médecin est disponible, il active le système visio. » Le praticien qui a 37 années de carrière derrière lui reconnaît que « la téléconsultation peut diminuer le présentiel pour des problèmes médicaux administratifs (renouvellement d’ordonnance, ordonnance pour un test PCR, arrêt de travail…), mais n’empêche pas de se voir physiquement une fois sur trois ou quatre ».
En visio, le temps de consultation est le même. « Je bloque 15 minutes par patient, comme une consultation classique. »
Pas de prise de tension, ni de stéthoscope pour écouter le cœur en distanciel, mais selon le Dr Boutin, « il y a une possibilité de dire mieux les choses, sans filtre, sans le regard de l’autre ». Il poursuit : « Je trouve les patients plus à même de se livrer, bien évidemment, c’est différent pour une première consultation. »

En téléconsultation, le praticien a retrouvé des patients partis de la région et « qui reviennent me voir en visio, ayant des difficultés pour trouver un médecin là où ils sont partis ». Ce passif permet que « ça matche immédiatement ! » Pour les pathologies qui demandent des analyses ou des radios, le médecin et ses confrères du cabinet médical sont allés encore plus loin : « Les infirmiers du cabinet se déplacent pour prendre les constantes, faire une auscultation pulmonaire ou cardiaque et on peut ainsi débriefer à l’issue. »

La prochaine étape ? Le président du groupement européen des médecins libéraux milite « pour un dossier médical partagé à l’échelle de l’Europe, puisque tous les pays de l’UE ont à peu près les mêmes problèmes et avancent en même temps ».
Pas de retard français sur la télémédecine donc, mais peut-être un travail pour améliorer certains outils. 
« Quand on a le patient en face, le temps de faire l’ordonnance, on lui parle. En visio, il faut être plus concentré donc peut-être suis-je un tout petit peu plus indisponible à ce moment précis… » note le Dr Boutin qui reconnaît que « chaque relation au patient est différente, le tout c’est de trouver la bonne équation ».