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#Covid_19 : l’#Embolie pulmonaire explose en #Réanimation

 

#Covid-19 : un taux d’embolie pulmonaire plus que doublé parmi les patients infectés en soins intensifs à Lille

Une série de cas lilloise montre une prévalence élevée de cas d’embolie pulmonaire parmi les patients hospitalisés pour Covid-19 en soins intensifs. Dans un article paru dans « Circulation », les auteurs estiment que les atteintes vasculaires spécifiques de l’infection Covid-19 pourraient y contribuer.

Sur les 107 patients admis en soins intensifs pour une pneumonie liée au SARS-CoV-2 entre le 27 février et le 31 mars, 20,6 % souffraient d’embolie pulmonaire. À titre de comparaison, les auteurs ont constaté que les cas d’embolie pulmonaire parmi les 196 patients pris en charge dans ce même service et sur la même période en 2019 étaient beaucoup moins fréquents, avec un taux de 6,1 %. Et parmi les 40 patients atteints de grippe – une autre infection virale pulmonaire – admis dans le service entre le 1er janvier et le 31 décembre 2019, le taux d’embolie pulmonaire était de 7,5 %.

« Ces comparaisons permettent d’objectiver le fait que l’incidence d’embolie pulmonaire est multipliée par plus de deux (en prenant en compte les intervalles de confiance) dans le groupe Covid-19 », indique au « Quotidien » le Pr Julien Poissy, médecin réanimateur au CHRU de Lille et premier auteur de l’étude. L’étude souligne aussi qu’une majorité des patients pris en charge dans ce service sont en surpoids ou obèses, ce qui pourrait contribuer à augmenter ce risque.

#Causes multifactorielles

Par ailleurs, l’analyse de certains paramètres à l’admission dans le groupe Covid-19 atteint d’embolie pulmonaire a révélé des taux élevés de D-dimères et de certains facteurs de coagulation, ces paramètres étant des facteurs de risque connus d’embolie pulmonaire.

« A priori, comme nous l’évoquons dans la discussion de l’article, nous pensons que ce sont surtout des thromboses plutôt que des embolies, car nous avons objectivé très peu de phlébites. Il s’agirait plutôt de thrombi qui se forment localement au niveau des vaisseaux du poumon plutôt que d’un thrombus ayant migré des membres inférieurs vers le poumon », explique le Pr Poissy.

Les auteurs estiment que ces thromboses seraient favorisées par les atteintes vasculaires liées à l’infection Covid-19, déjà évoquées dans de précédentes études. « Le fait que les vaisseaux soient malades (endothéliopathie), l’activation de la coagulation et le syndrome inflammatoire contribuent à augmenter le risque de thrombose, en particulier dans le poumon, mais les causes sont multifactorielles, précise le Pr Poissy. Chez les patients obèses, il y a également une altération de la ventilation qui peut avoir un impact sur l’inflammation et la perfusion des vaisseaux ».

#Rechercher la présence de thrombose

Une autre étude publiée dans « Intensive Care Medicine » par l’équipe de Lille sur l’analyse histopathologique post-mortem de poumons de patients Covid-19 montre également une souffrance endothéliale au niveau de cet organe.

« Toutes ces observations sont en faveur d’une thrombose in situ au niveau pulmonaire chez les patients Covid-19, résume le Pr Poissy. Ces anomalies vasculaires et ce syndrome inflammatoire avaient également été retrouvés avec le SARS-CoV-1 ».

Face à ce constat, le réanimateur préconise de rechercher la présence d’une thrombose en cas de situation d’aggravation et de la traiter le cas échéant. « Nous estimons par ailleurs qu’il est souhaitable d’augmenter les objectifs de thromboprophylaxie, poursuit-il. Si à ce stade, nous ne savons pas si la présence d’embolie ou de thrombose est associée à un moins bon pronostic, elle intensifie en revanche l’hypoxie ».

L’équipe lilloise de réanimation et d’hémostase souhaite mener des études à plus grande échelle afin d’aller plus loin dans la compréhension des facteurs associés au risque de thrombose.

SOURCE  : QUOTIDIEN  DU  MEDECIN