#Explosion de la #Téléconsultation en 2020 avec #19 millions d’actes remboursés par la Sécu
Avec 19 millions d’actes remboursés par la Sécu, 2020 a été «l’année de l’explosion» de la téléconsultation, déjouant toutes les prévisions et les réticences grâce à des règles d’exception qui devront être renégociées d’ici l’été.
C’est peu dire que la téléconsultation doit tout au coronavirus: avant l’épidémie, l’Assurance maladie recensait à peine 320 000 actes en 18 mois, depuis le début du remboursement en septembre 2018.
Des résultats en forme d’échec pour les pouvoirs publics, qui tablaient à l’origine sur un demi-million en 2019, puis un million en 2020.
A l’arrivée, il y en a eu dix-neuf fois plus, avec des records à plus d’un million de téléconsultations par semaine en avril, pendant le premier confinement.
Depuis la fin du second confinement mi-décembre, le rythme hebdomadaire «revient à un étiage qui est un peu au-delà de 100 000», signe que «la pratique est petit à petit en train de s’ancrer, pour les assurés comme les professionnels», estime le directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme.
Médecins généralistes représentent 80% des actes
Pour les médecins libéraux, cela a représenté plus de 5,4% des 319 millions de consultations réalisées l’an dernier, contre un infime 0,1% avant la crise sanitaire.
Du côté des plateformes, le leader du secteur, Doctolib, s’est taillé la part du lion avec 8 millions de téléconsultations, soit «dix fois plus que ce qu’on avait prévu», affirme son président, Stanislas Niox-Chateau, qui ajoute avoir «gagné trois ans sur le déploiement» de cette activité.
Une «explosion» que la Sécu comme Doctolib attribuent d’abord aux médecins généralistes, qui ont concentré près de 80% des actes.
De quoi lever certaines réserves chez ces praticiens: «Nous en avons majoritairement fait, ça a forcément modifié notre perception», admet Jacques Battistoni, président du syndicat MG France.
Chez les spécialistes, certains y ont eu recours plus que d’autres, notamment les psychiatres, endocrinologues et pneumologues. Dans l’ensemble, «la téléconsultation est en train de s’installer dans le paysage», constate Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.
A la tête du premier syndicat de médecins libéraux, ce néphrologue reconnaît l’intérêt de cet outil «pour les patients chroniques, qui nécessitent un suivi régulier».
«Un peu de souplesse»
Mais ce grand bond en avant de la téléconsultation a nécessité «des dérogations massives» au cadre fixé par la loi, rappelle M. Fatôme. Il est ainsi devenu possible de consulter un médecin que l’on ne connaissait pas déjà, situé à l’autre bout de la France, dans certains cas par simple appel téléphonique.
Mais, à moins d’un accord avec les syndicats, «le jour où l’état d’urgence sanitaire s’arrête, on revient aux règles antérieures», prévient-il.
Une négociation avait bien été entamée en septembre, mais faute de signataires avant les fêtes de fin d’année, la Sécu a dû se résoudre à la suspendre jusqu’aux élections professionnelles prévues en avril.
Avec la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 1er juin annoncée par le gouvernement, il n’est «pas impossible qu’on retombe sur nos pieds», prédit le directeur de l’Assurance maladie, qui souhaite «mettre un peu de souplesse dans le système» afin d’«améliorer l’accès aux soins» sans «décourager l’installation» de praticiens dans les déserts médicaux.
Les syndicats, eux, entendent remettre sur la table le sujet des consultations téléphoniques, «indispensables dans les zones blanches ou avec les personnes âgées», affirme M. Ortiz, prêt à «réfléchir à des dispositifs qui permettent d’éviter les excès».
«Les généralistes ne comprendraient pas que ce ne soit pas valorisé», affirme M. Battistoni, qui considère que «la visio n’apporte pas grand chose». Et met en garde: «Si on fait tomber cette possibilité, les chiffres chuteront à nouveau».
Pas ceux de Doctolib, dont le patron considère que la consultation par téléphone «ce n’est pas de la téléconsultation», même si cela représente selon lui environ 30% des actes remboursés par la Sécu.
L’enjeu financier n’est pas négligeable, alors que le remboursement à 100% des téléconsultations a été prorogé jusqu’à fin 2022.