#Cancérologie 3.0 : #VisiblePatient , un système de modélisation en 3D
Cancer: un système de modélisation en 3D redonne espoir à des patients jugés inopérables
Start-up émanant de l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad) de Strasbourg, « Visible Patient » a installé ses quartiers dans les locaux d’un ancien manège de haras du XVIIIe siècle.
Sous d’immenses poutres apparentes, des jeunes gens minutieux donnent naissance sur des écrans d’ordinateurs à de véritables clones virtuels de patients, en trois dimensions et en couleurs.
Grâce à des algorithmes mis au point au prix d’une quinzaine d’années de recherche, les veines, artères, organes et os prennent forme de clic en clic, à partir d’images en deux dimensions issues d’un scanner ou d’une IRM passés par le patient.
« Avec la 3D, on peut trouver des solutions thérapeutiques complexes pour des cas qui semblaient désespérés », explique Luc Soler, l’un des fondateurs de la start-up. « Certains patients semblaient non éligibles à une opération, mais on a trouvé des solutions grâce à Visible Patient », se félicite-t-il.
L’opération est le moyen le plus performant pour lutter contre un cancer digestif mais beaucoup de patients sont jugés inopérables, par exemple lorsque la tumeur est disséminée ou parce qu’on ne peut pas enlever la totalité de l’organe touché, comme le foie.
Sans ce système, « plusieurs patients auraient été rejetés par nous, soit à cause de la proximité de la tumeur avec une structure vasculaire importante, soit à cause d’un volume résiduel de foie insuffisant », explique le Dr Jean-Jacques Houben, chef du service de chirurgie viscérale au CHU de Charleroi, en Belgique, qui utilise le procédé essentiellement pour de la chirurgie hépatique.
Grâce à la reconstitution en 3D, le chirurgien définit sa stratégie avant l’opération, évitant toute mauvaise surprise liée à une particularité anatomique du patient. Ensuite, pendant l’opération, il garde un œil sur une tablette ou sur son téléphone portable, sur lequel il a téléchargé le « clone » du patient.
– Consentement éclairé –
Au-delà de son utilité pour les chirurgiens, Visible Patient permet aussi de mieux faire comprendre au patient ce qu’il va subir, permettant l’obtention d’un consentement vraiment éclairé à l’opération.
« Un scanner, une échographie ou une IRM sont illisibles pour le quidam.
Une reconstruction 3D en couleur permet une didactique totalement différente », estime le Dr Houben.
Unique dispositif médical permettant aujourd’hui de modéliser en 3D toutes les parties du corps, Visible Patient a déjà permis de traiter 3.000 personnes dans le monde.
« Au début, le contact avec le patient me manquait mais en fait, on fait autant de bien à travers les nouvelles technologies », explique Yann Lemblé, analyste « 3D Model » chez Visible Patient.
Le jeune homme, titulaire d’une formation de manipulateur en électro-radiologie médicale, travaille exclusivement sur des données anonymisées.
Les fondateurs de Visible Patient espèrent obtenir à terme son remboursement par la Sécurité sociale française.
Pour cela, il faudra convaincre les autorités du bon rapport coût-bénéfices du dispositif, alors qu’une reconstitution coûte au minimum 300 euros et parfois jusqu’à 800, plus une IRM.
Luc Soler est toutefois confiant. Alors que l’on recense quelque 8.000 nouveaux cas de cancers du foie par an en France, « on fait beaucoup de chimiothérapies parce qu’on estime que des patients ne sont pas opérables, Visible Patient peut donc permettre de faire des économies », note-t-il.
En attendant, Visible Patient a obtenu fin 2015 l’agrément de la Food and Drug Administration aux Etats-Unis, six mois après son lancement commercial en Europe.