Insuffisance cardiaque : le télésuivi par des infirmières efficace
Le télésuivi de l’insuffisance cardiaque avec le dispositif Cordiva® (Alere), qui enregistre quotidiennement le poids et plusieurs informations sur l’état des patients pour un suivi à distance par des infirmières, a été associé à une baisse de mortalité, dans une étude allemande basée sur l’utilisation en pratique courante de cette solution de suivi.
Les infirmières spécifiquement formées au télésuivi reçoivent les informations et alertes transmises par le dispositif du patient.
Ces résultats, dont l’APM a eu copie, ont été présentés le 14 janvier 2015 au congrès annuel de la Société française de cardiologie (SFC) à Paris. Ce congrès a cette année pour thème central « la cardiologie connectée ».
Deux études sont en cours en France pour valider ce dispositif : OSICAT (dont le promoteur est la société Alere, qui a développé ce produit), qui doit inclure 870 patients suivis durant 18 mois dans plusieurs régions françaises, et PIMPS (dont le promoteur est le CH de Pontoise, Alere fournissant l’appareil et la prestation), qui doit inclure 330 patients suivis sur un an. Ces deux études randomisées donneront leurs résultats en 2017. Mais dans l’attente, Alere a fait état de résultats obtenus dans la région de Berlin en Allemagne. Il ne s’agit pas d’une étude randomisée, mais ce travail basé sur l’analyse de patients dans la « vraie vie » a en revanche l’avantage d’avoir pu inclure un grand nombre de patients télésuivis (près de 2 000), a souligné Henri Bendelac, directeur médical d’Alere, lors d’un entretien avec l’APM.
Le dispositif Cordiva® est un pèse-personne électronique associé à un appareil de transmission. Les patients doivent se peser quotidiennement et répondre à quelques questions posées par l’appareil (sur la dyspnée, les oedèmes…). Les informations sont envoyées de façon automatique à un centre, dont le système informatique déclenche des alertes selon des critères prédéfinis, notamment en cas de variation de poids.
Dans ce centre, une équipe d’infirmières spécifiquement formées est là pour suivre les patients par téléphone toutes les trois semaines de façon personnalisée et faire de l’éducation thérapeutique, et pour valider les alertes en rappelant les patients pour avoir des précisions. Elles peuvent les orienter vers leur médecin traitant, voire vers l’hôpital, en cas de nécessité.
L’objectif d’un tel suivi est de détecter les problèmes avant qu’ils ne surviennent : un patient commence à prendre du poids environ 17 jours avant une décompensation. En l’orientant rapidement vers son médecin pour ajuster son traitement, on prévient les hospitalisations ultérieures.
Baisse de coûts
Dans la région de Berlin, dès 2007, ce système de télésuivi a été mis en place en partenariat entre des cardiologues et la caisse d’assurance maladie (AOK) de la région. Après plusieurs années de fonctionnement, l’AOK a fait un audit, indépendant d’Alere, pour évaluer le bénéfice de cette prestation.
Dans ce travail présenté par Robert Herold de l’université de Greifswald, 1.943 insuffisants cardiaques ayant bénéficié du télésuivi par Cordiva* ont été comparés à 3.719 patients appariés (pour l’âge, le sexe, la gravité de la maladie…) qui n’ont pas été télésuivis. Le résultat principal est une baisse d’environ 45% de la mortalité grâce au télésuivi. La mortalité à un an s’élevait à 11%, comparé à 13,6% chez les contrôles.
De plus, le coût de prise en charge globale diminuait chez les patients télésuivis. Pour les patients de la ville de Berlin, dans l’analyse en intention de traiter, le coût était similaire avec ou sans télésuivi, mais une analyse centrée sur les patients bien observants montrait une baisse de 267 euros sur un an (sur un coût global d’environ 3.000 euros). Et pour les patients vivant à l’extérieur de la ville de Berlin, l’analyse en intention de traiter montrait une baisse de 276 euros et l’analyse des seuls patients observants une baisse de 551 euros.
Le directeur médical a rappelé que, dans le passé, des études sur des télésuivis de l’insuffisance cardiaque n’avaient pas montré de bénéfice. Mais il s’agissait souvent de systèmes techniquement plus complexes, avec un risque que les patients ne l’utilisent pas, et sans suivi par des infirmières. L’atout de Cordiva® est selon lui sa simplicité et le suivi téléphonique personnalisé.
Un forfait pour une prestation
Interrogé par l’APM sur la prise en charge de ce système en France, Michel Verhasselt, directeur des affaires publiques d’Alere, a indiqué que la société souhaitait non pas demander le remboursement d’un dispositif médical, mais la prise en charge d’une prestation, qui inclut le dispositif mais aussi le suivi par les infirmières (qui sont salariées de l’entreprise). Cela passerait par l’inscription d’un forfait pour la prestation dans le titre I de la liste des produits et prestations (LPP). Il a expliqué qu’initialement, Alere attendait les résultats des études françaises pour déposer un dossier, mais qu’il a décidé d’accélérer le processus en basant sa demande à la Haute autorité de santé (HAS), dans l’immédiat, sur les résultats de l’étude allemande.
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