Diabète 3.0 – Un « tatouage » temporaire qui teste votre niveau de glucose
Un tatouage temporaire qui extrait et mesure le niveau de glucose à travers les cellules de la peau, vient d’être développé par ces « nano-ingénieurs » de l’Université de Californie – San Diego.
Avec ces résultats, présentés dans la revue Analytical Chemistry, ces chercheurs apportent la preuve de concept à ce dispositif flexible et facile-à-porter, en toute discrétion, qui pourrait représenter sous peu une étape importante pour l’auto-surveillance des patients diabétiques.
Contrôler sa glycémie quand on est diabétique, 3 à 5 fois par jour, n’est ni aisé, ni agréable.
C’est pourtant la condition essentielle pour préserver une qualité de vie et éviter les complications. Alors, depuis des dizaines d’années, les initiatives de recherches foisonnent en alternative au lecteur de glycémie classique. Haleine, larmes, urine, salive, et même détection lacrymale de la glycémie, la recherche d’un système de surveillance non invasif foisonne.
Ici, les chercheurs californiens développent un capteur sous forme de tatouage flexible. Ce n’est d’ailleurs pas la première tentative dans ce sens : un dispositif similaire appelé GlucoWatch avait été commercialisé en 2002, mais arrêté en raison d’irritation de la peau.
Ce capteur astucieux et technologique vient d’être développé et testé par un étudiant diplômé, Amay Bandodkar du laboratoire du professeur Joseph Wang du Département Nanoengineering de l’UC San Diego.
C’est un dispositif souple, composé d’électrodes « imprimées » sur un film temporaire.
Un courant électrique extrêmement léger appliqué sur la peau pendant 10 minutes induit les ions sodium présent dans le fluide qui circule entre les cellules de la peau à migrer vers les électrodes du tatouage. Ces ions transportent des molécules de glucose qui vont être évalués par le capteur intégré. Le défi reste le même que celui des autres voies de recherche, parvenir à mesurer une concentration de glucose près de 100 fois inférieure au niveau correspondant dans le sang humain.
Le tatouage a été testé sur 7 hommes et les femmes âgés de 20 à 40 sans antécédents de diabète. Les participants n’ont déclaré aucune sensation d’inconfort, juste un léger picotement dans les 10 secondes ayant suivi la pose. Après un repas riche en glucides, le dispositif parvient, tout aussi bien qu’un lecteur classique, à détecter et évaluer le pic de glycémie.
Et ce n’est pas fini : si à ce jour, le tatouage ne prévoit pas de lecture numérique possible par le patient, cette fonctionnalité est déjà en cours de développement avec de futures capacités Bluetooth pour envoyer les données en temps réel directement au médecin, avec, bien entendu, la possibilité de les stocker.
Autre piste de perfectionnement, sa durabilité, avec toujours l’objectif de pouvoir maintenir un coût de production le plus faible possible. Car, actuellement, le capteur coûte quelques centimes mais n’est opérationnel qu’une journée.
D’autres applications en vue : cette première «preuve de concept» ouvre la voie pour un contrôle facilité du glucose sanguin, mais aussi d’autres métabolites importants dans le corps. Il pourrait également donner lieu à des applications de délivrance de médicaments à travers la peau.
Le dispositif est également envisagé pour de longues études de cohortes, pour surveiller en permanence les niveaux de glucose et autres métabolites, en regard des habitudes alimentaires.
« Des données plus larges pourraient aider les chercheurs à en apprendre davantage sur les causes et la prévention du diabète », ajoute le chercheur, Amay Bandodkar.