#Humanlab : #Handicap , #Rennes et son #Atelier 3D pour « s’autoréparer »
Handicap : un atelier pour « s’autoréparer »
Au #Humanlab, les personnes en situation de handicap peuvent venir adapter leur fauteuil ou fabriquer une prothèse à partir d’imprimantes 3D.
Ici et là, des prothèses de main, plus loin un fauteuil roulant « bricolé ». Quand on pousse la porte du Humanlab, à Rennes, on a d’abord l’impression d’un grand capharnaüm. Ouvert tous les jeudis depuis début 2017, ce fab lab dédié au handicap a été créé par l’association My Human Kit.
« C’est un laboratoire de fabrication dans lequel on trouve des machines, comme des imprimantes 3D, des caisses à outils et des personnes qui utilisent tout ça pour fabriquer des trucs. Ces trucs, ce sont des aides techniques au handicap. Cela va du simple support de coupe-ongles jusqu’à la prothèse bionique en passant par un gant sonar pour personnes malvoyantes », raconte Nicolas Huchet, directeur du développement de My Human Kit.
Autant d’équipements que l’on ne trouve pas dans le commerce ou à des prix trop élevés.
Et que l’on peut ici personnaliser.
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Notre article pour mieux comprendre ce qu’est un laboratoire de fabrication. Un concept né aux États-Unis.
Nicolas Huchet s’est fait connaître grâce à sa main bionique à bas coût, réalisée avec une imprimante 3D et des plans en libre accès sur internet. Un projet sur lequel il planche depuis plusieurs années (voir le site de la Bionicohand). Et qui lui a valu en 2015 le titre d’innovateur social français de l’année, décerné par le MIT*, la prestigieuse université américaine.
Avec un petit groupe de « makers », des passionnés de bricolage et de nouvelles technologies, ils ont imaginé le Humanlab. Un lieu ouvert à tous, dans lequel des personnes en situation de handicap peuvent venir exposer leur problème et contribuer eux-mêmes à trouver la solution.
* MIT : Massachusetts Institute of Technology.
Le #Bénéficiaire au cœur de chaque projet.
La préoccupation de Mathilde, c’est de pouvoir tourner la tête, ce que sa myopathie l’empêche de faire. D’où l’idée d’un appui-tête électrique rotatif, fixé sur son fauteuil, qu’elle pourrait piloter elle-même à l’aide d’un simple bouton. Cet après-midi, Mathilde est au centre de toutes les attentions. Philippe, Stéphane, Christian et André s’affairent autour d’elle.
Impatients de tester cet équipement sur lequel ils travaillent depuis six mois, et qui a nécessité pas moins de sept prototypes.
« À chaque étape, on voit des choses à améliorer. On fait le point, on trouve des idées et on avance ensemble, souligne Mathilde. Même si le projet tient toujours compte de mes besoins, mais aussi de mes possibilités. »
Philippe est designer 3D, Stéphane spécialiste de la programmation informatique. Christian a pour passion l’électronique, André la mécanique.
Comme eux, une vingtaine de bénévoles viennent régulièrement au #Humanlab.
Des personnes en recherche d’emploi, des retraités, des chercheurs ou encore des étudiants. Chacun apporte son expertise, ses idées et sa bonne volonté. « Ce que je trouve bien, c’est que c’est la personne handicapée qui dit, au final, si ça lui va ou pas. On a parfois l’impression d’avoir eu de supers idées, mais cela ne lui convient pas forcément », précise Philippe.
#Partager son savoir
Comme Philippe, Yves est bénévole et se sent utile en venant au Humanlab. Informaticien à la retraite, il aide Nicolas, lui aussi atteint d’une maladie neuromusculaire, à aller au bout de son idée de bras articulé. Le jeune homme aimerait pouvoir dégager de temps à autre son bras gauche qui lui appuie sur le ventre. Le rendre plus léger pour ne pas avoir cette douleur intense en fin de journée. « Je suis là pour accompagner Nicolas, lui soumettre des pistes, mais c’est bien lui qui dirige les opérations. Normal, puisque c’est lui qui va s’en servir ! »
De son côté, Nicolas a hâte que son projet soit terminé car cela devrait lui changer la vie. Mais il n’oublie pas ceux qui, comme lui, auraient bien besoin d’un tel équipement. « Après, on mettra nos plans à disposition sur internet, pour que cela soit utile à d’autres, pour qu’ils puissent les reprendre et les adapter à leur tour. C’est ça l’intérêt », assure-t-il. Quant à Mathilde, après cet essai plutôt concluant, son appui-tête devra encore subir quelques ajustements. Mais la mécanique et l’électronique fonctionnement. Elle n’a donc jamais été aussi proche du but.
#Une façon d’accepter son handicap
Au total, une dizaine de personnes bénéficient de l’appui du Humanlab pour réaliser leur projet. « Fabriquer son équipement, c’est une manière de se l’approprier et donc de s’approprier son handicap. Ce qui aide à l’accepter », estime Nicolas Huchet. À travers ce fab lab, l’association My Human Kit souhaite développer ce qu’elle appelle le « handicapowerment ». Un mot-valise, contraction de « handicap » et de « empowerment » (pouvoir d’agir en anglais). « C’est la capacité de faire les choses par soi-même et d’utiliser le handicap pour apprendre. Apprendre à développer des compétences techniques, des compétences sociales et même une philosophie de vie ».
En fin d’après-midi, Bruno pousse la porte du Humanlab pour la première fois. Malvoyant, il tient sous le bras un support qu’il a bricolé lui-même, à partir de bouts de carton. Il en a besoin pour pouvoir remplir des documents administratifs à la main. Sauf que, avec le temps, son champ visuel se réduit et il lui faudrait un support plus solide qui intègre également une source de lumière. Les bénévoles présents l’écoutent, attentifs, puis chacun commence à émettre des idées. Ça y est, un nouveau projet est né.
- ANGÉLIQUE PINEAU
- CRÉDIT PHOTO : ET VIDÉO : ANGÉLIQUE PINEAU
- Source : https://www.essentiel-sante-magazine.fr/societe/solidarite-societe/video-handicap-atelier-pour-autoreparer