
#Apnée du #Sommeil et #Parkinson : Un vrai #Cercle #Vicieux
L’interaction entre l’apnée du sommeil (AOS) et la maladie de Parkinson (MP) est un sujet de plus en plus étudié, révélant des mécanismes biologiques complexes et une relation bidirectionnelle qui pourrait avoir des implications importantes tant sur la progression de la maladie que sur la qualité de vie des patients. Ces deux conditions, souvent considérées séparément, semblent en réalité s’influencer mutuellement dans un cercle vicieux, chaque trouble alimentant l’autre et potentiellement accélérant la neurodégénérescence.
L’AOS, caractérisée par des épisodes répétés d’obstruction partielle ou totale des voies aériennes supérieures lors du sommeil, entraîne une série de perturbations physiologiques. Lors de ces épisodes, la quantité d’oxygène dans le sang diminue de façon intermittente, ce qui provoque une hypoxie intermittente (IH). En parallèle, le sommeil devient fréquemment fragmenté par des micro-réveils, ce qui perturbe l’architecture normale du sommeil et induit une activation répétée du système sympathique. Ces phénomènes ont plusieurs conséquences systémiques : ils génèrent un stress oxydatif important, favorisent une réponse inflammatoire neuro-inflammatoire locale et systémique, et altèrent la fonction des vaisseaux sanguins cérébraux, pouvant affaiblir la barrière hémato-encéphalique (BHE). La combinaison de ces facteurs crée un environnement neurotoxique, susceptible d’accélérer la perte neuronale, notamment dans les régions dopaminergiques du cerveau, essentielles à la régulation du mouvement et largement affectées dans la MP.
Inversement, la maladie de Parkinson elle-même, qui se caractérise par une dégénérescence progressive de la population dopaminergique de la substantia nigra (avec accumulation de corps de Lewy riches en α-synucléine), a une influence directe sur la régulation du sommeil, la tonus musculaire et les circuits respiratoires. La perte neuronale dans le tronc cérébral et d’autres régions liées à la régulation du sommeil et de la respiration altère le contrôle du tonus musculaire du pharynx, rendant les patients plus vulnérables à l’obstruction des voies aériennes lors du sommeil. En conséquence, la fréquence et la gravité de l’AOS augmentent chez les patients parkinsoniens, ce qui contribue à la fragmentation du sommeil, au stress systémique, et éventuellement à une aggravation de la neurodégénérescence.
Ce qui rend cette relation encore plus préoccupante, c’est qu’elle s’installe de façon autoperpétuée : l’AOS provoque hypoxie, stress oxydatif et inflammation, qui accélèrent la perte neuronale dans la maladie de Parkinson. D’un autre côté, la neurodégénérescence elle-même, en affectant les centres de régulation du sommeil et les noyaux impliqués dans la commande des muscles respiratoires, aggrave l’AOS chez ces patients. Cette boucle « feed-forward » pourrait donc agir comme un accélérateur de la progression de la maladie.
Les études épidémiologiques ont montré que la prévalence de l’AOS est significativement plus élevée chez les patients atteints de MP que dans la population générale, avec une corrélation entre la sévérité des troubles respiratoires nocturnes et la progression des symptômes moteurs, cognitifs ou dépressifs. Certaines recherches suggèrent même que la gravité de l’AOS pourrait influencer la réponse aux traitements parkinsoniens, comme la lévodopa, ou contribuer à la survenue de complications telles que les fluctuations motrices ou les dyskinésies. Cependant, la majorité de ces études restent observationnelles et hétérogènes, ce qui limite la certitude sur la causalité.
Ce constat soulève un enjeu clinique majeur : faut-il systématiquement dépister et traiter l’apnée du sommeil chez les patients porteurs de MP ? La réponse semble être oui, car la prise en charge de l’AOS peut avoir des bénéfices non seulement sur la qualité du sommeil et la qualité de vie, mais aussi potentiellement sur la trajectoire évolutive de la maladie. La polygraphie nocturne demeure la référence pour diagnostiquer précisément l’AOS, avec des outils complémentaires comme l’oximétrie nocturne, la capnographie, ou la méthodes de surveillance respiratoire. Dès qu’un trouble respiratoire du sommeil est suspecté ou confirmé, le traitement par Pression Positive Continue (CPAP) doit être considéré en priorité.
Le traitement par CPAP a montré qu’il pouvait améliorer la qualité du sommeil, réduire la fragmentation, atténuer le tonus sympathique nocturne, et diminuer la charge inflammatoire. Bien que les données soient encore limitées, plusieurs études préliminaires indiquent un potentiel bénéfice sur la cognition, la fatigue, la somnolence diurne et même certains paramètres moteurs chez les patients
