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#Chirurgie 3D : Internes à #Poitiers formés à l’impression #3D

En janvier 2022, les premiers internes en chirurgie de Poitiers vont se former à la médecine de demain afin d’acquérir des compétences en impression 3D. Gadget ou défi pour l’avenir.

Le Dr Antoine Julienne, chef de clinique en chirurgie plastique au CHU de Poitiers, porte le projet « Homemade 3D ». Celui qui a reconstruit le nez d’une habitante de Montmorillon à l’aide d’une imprimante 3D en avril 2021, essaime chez les « digital natives », ces jeunes gens « nés après 1980 qui ont le langage numérique pour langue maternelle ».

« D’ici 20 ans, on pourra imprimer des organes »Dès janvier 2022, 16 étudiants en chirurgie vont acquérir les bases de l’impression 3D via une collaboration avec le FabLab (lieu de partage des compétences et des ressources) des Usines de Ligugé. « Cette nouvelle génération de médecins a un vrai intérêt pour ça. Selon la théorie de l’innovation, on est entre la cinquième et la sixième vague de révolution majeure avec l’intelligence artificielle puis la bio-impression. »

Alors qu’est-ce que l’impression 3D peut apporter à la chirurgie de demain, me direz-vous ? Tout cela semble bien loin de l’humain et pourtant ! Le Dr Julienne explique : « Pour le moment, on fait de la microchirurgie avec la 3D, mais d’ici 20 ans, on pourra très certainement imprimer des organes de remplacement. » Un rein par exemple tant on sait que les greffons manquent ? « Non, le rein, c’est un organe assez compliqué mais de la peau. On pourrait passer à l’impression de tissus cellularisés en cultivant des cellules puis en les déposant dans la matrice. »

Alors qu’on a de plus en plus de pénurie de matériels comme les prothèses, cette méthode d’impression 3D risque de s’accentuer.

Dr Antoine Julienne, chef de clinique en chirurgie plastique au CHU de Poitiers

N’est-ce pas quand même un peu du gadget ? « Non ! » s’insurge le chef de clinique. « La fabrication additive c’est de la médecine sur-mesure. Alors qu’on a de plus en plus de pénurie de matériels comme les prothèses, cette méthode d’impression 3D risque de s’accentuer. On va pouvoir produire des objets sur place bien qu’ils aient été imaginés ailleurs (en se partageant les codes de fabrication). Cela engendre moins de matières premières et pas de transport d’objets. C’est une économie d’énergie non négligeable à l’heure des enjeux écologiques. »
Une première en FranceEt le patient dans tout cela ? « Actuellement, en France, des praticiens ont imprimé une prothèse en 3D pour des patientes qui sont en attente de reconstruction du sein après un cancer. » Le Dr Julienne ajoute : « Ils ont scanné l’autre sein et le thorax de chaque patiente pour que la prothèse soit parfaitement adaptée à la morphologie. Dans l’attente de la reconstruction définitive, la prothèse est posée avec de la colle biologique. »

Les 16 étudiants de l’université de Poitiers vont expérimenter ces nouvelles techniques au laboratoire d’anatomie et de stimulation (lire ci-dessous). Ce sera une première en France. « Il n’y a pas de formation à la 3D dans le cadre de son cursus en médecine actuellement. » L’étape suivante ? « Si la formation est un succès, on compte bien pouvoir la pérenniser et que des étudiants fassent leur thèse sur ce sujet. »

Conférence « L’impression 3D : révolution de la chirurgie réparatrice ? Applications actuelles, limites et perspectives » à l’Espace Mendès-France à Poitiers, mercredi 10 novembre à 18 h 30. Avec la participation de Cyril Brèque, maître de conférences à l’université de Poitiers et Antoine Julienne, chef de clinique en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique au CHU Poitiers. Gratuitc

Une expérimentation financée par la Région

La Région Nouvelle-Aquitaine finance cette formation à hauteur de 10.000 € : 5.000 € pour l’acquisition d’une imprimante 3D biocompatible et 5.000 € pour la rémunération des deux formateurs des Usines de Ligugé. C’est une formation de quatre jours pour chaque groupe de huit étudiants.
Cyril Chesse, du FabLab des Usines de Ligugé, est copilote du projet avec le Dr Julienne. « Nous faisons de la formation professionnelle au sein du FabLab et nous savons bien que ces entrées-là sur la 3D pour la médecine de demain sont en fort développement. »
Selon lui, tout a pris de l’ampleur suite au confinement et « à l’impression de productions d’équipements comme les visières ».
Il ajoute : « On a analysé ce qui s’était passé pendant cette crise et la volonté de mettre en place des formations concrètes avec le CHU de Poitiers s’est vite imposée. » Le FabLab va « amener des solutions techniques » pour ces étudiants qui sont en 7e année de médecine.
« C’est un peu visionnaire sur des transformations de méthode de travail mais nous sommes persuadés que cela va s’amplifier. »