#Cobotique : la #Robotique 3.0 collaborative émerge en France
Les robots collaboratifs occupent une nouvelle fois une place prépondérante au salon Innorobo. Tous les experts estiment que l’émergence de la cobotique constitue une véritable aubaine pour la France. Encore faut-il savoir saisir cette opportunité. Décryptage.
Il n’y a plus de doute. Les robots enfermés dans leur cage sont devenus une espèce rare au salon Innorobo, dont la 6e édition se tient jusqu’au 26 mai à Paris. Comme l’année dernière, les robots collaboratifs, qui n’ont pas besoin de barrière de sécurité, ont envahi les allées du salon. Leur présence grandissante à la manifestation au fil des années reflète une véritable tendance de marché.
150 000 cobots en 2020
Si les robots collaboratifs, ou cobots, représentent encore une toute petite part des robots industriels (moins de 2 %), leurs ventes, elles, ne cessent de croître. En 2015, il s’est vendu 4 300 unités dans le monde, contre 2 500 en 2014. Et les prévisions de Barclay Equity Research tablent sur plus de 10 000 ventes en 2016, et même 150 000 en 2020. « Ces nouveaux robots amènent des bénéfices et des opportunités énormes pour la France. Il faut foncer sur ce nouveau type de robots pour faire la différence avec les autres », a lancé hierAdolfo Suarez, expert robotique chez Airbus Group lors des Etats généraux de la robotique.
Pourquoi l’émergence de cette nouvelle robotique peut constituer une véritable aubaine pour la France ? Parce que le tissu industriel français est majoritairement constitué de PME. Or, le prix d’un cobot est environ 10 fois moindre que celui d’un robot industriel classique. Une caractéristique clé qui devrait permettre aux PME de s’équiper de robots plus facilement. Outre leur prix, leur facilité de programmation constitue également un élément déterminant dans le taux d’adoption, car plus la programmation d’un système robotique est aisée, plus l’appropriation par les opérateurs est facilitée.
Des pépites françaises
Malgré ces avantages, le robot collaboratif ne propose pas encore les mêmes performances qu’un robot industriel classique pour des raisons de normes et de sécurité. Pour surmonter cet écueil, le fabricant français Stäubli a développé le cobot TX2. Celui-ci est équipé d’un scanner laser relié au contrôleur pour savoir quand un opérateur s’approche. Ce dispositif lui permet d’adapter sa vitesse selon la distance à laquelle se trouve l’être humain. « L’objectif est de proposer un robot collaboratif qui va vite pour répondre aux hautes cadences du monde industriel, tout en limitant son empreinte au sol et son coût d’intégration », explique Vincent Cheminel, développeur marché chez Stäubli.
Stäubli n’est pas le seul acteur français à se distinguer sur le salon Innorobo en matière de cobotique. Le stand de l’entreprise RB3D ne désemplit pas. La société auxerroise y présente son dernier exosqueletteExoPush destiné aux travaux routiers. On retrouve aussi la start-up Sybot. Issue des recherches menées au CEA List, elle a mis au point un cobot éponyme extrêmement sensible grâce à des actionneurs composés de câbles et de vis à billes. Ces pépites françaises devront toutefois tirer leur épingle du jeu pour faire face à la concurrence mondiale. Sur le salon, Kuka, Rethink Robotics,Kawasaki ou encore ABB présentent tous leurs derniers cobots.
Un mastère spécialisé en cobotique
Pour se distinguer, la France pourrait capitaliser sur son haut niveau de compétence. Dans cette optique, l’Ensam a annoncé le lancement sur son campus lillois de ColRobot, un nouveau mastère spécialisé en robotique collaborative. La formation, qui doit débuter en octobre prochain, vise à former des ingénieurs roboticiens capables d’intégrer cette nouvelle robotique en entreprise. Plusieurs compétences spécifiques sont requises : « Il faut à la fois maîtriser l’état de l’art de la mécatronique, l’utilisation des algorithmes et l’intégration de l’homme dans l’usine. Ce dernier point implique de prendre en compte des notions d’acceptabilité, qui relèvent des domaines sociologique et anthropologique », détaille Richard Béarée, directeur du programme.
Adressée aux ingénieurs bac +5, aux salariés et demandeurs d’emploi, la formation comprend six mois de cours et six mois de stage qui pourront être réalisés chez des industriels comme Dassault Aviation,Renault, Thales Alenia Space. Tous soutiennent publiquement cette initiative. A terme, cette formation professionnalisante donnera peut-être naissance à de nouvelles start-up. C’est en tout cas ce qu’espère Richard Béarée, pour qui la dynamique entrepreneuriale française est la clé du succès.