Winston Churchill et les apnées du sommeil : une énigme historique enfin éclairée par la science moderne

Winston Churchill, l’un des hommes d’État les plus emblématiques du 20ème siècle, est souvent loué pour son courage, son talent oratoire et son rôle clé dans la victoire des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, derrière son image de leader infatigable, se cache aussi une facette méconnue : ses troubles du sommeil. Plus d’un siècle après sa vie, la science moderne permet de mettre en lumière une hypothèse fascinante : Churchill aurait pu souffrir d’un trouble du sommeil sous-diagnostiqué, plus précisément d’une apnée du sommeil.

Le contexte historique et les habitudes nocturnes de Churchill

Les récits de proches, comme sa secrétaire ou ses collaborateurs, décrivent Churchill comme un homme aux habitudes nocturnes atypiques. Il était connu pour ses longues périodes d’éveil nocturne, durant lesquelles il écrivait, téléphonait ou réfléchissait. Parfois, il semblait incapable de dormir, malgré une grande fatigue accumulée. En outre, ses proches rapportaient qu’il ronflait de manière forte, une caractéristique qui, aujourd’hui, est souvent associée à l’apnée obstructive du sommeil.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Churchill vivait dans un contexte de stress extrême, avec des nuits souvent agitées et fragmentées. Son style de vie, marqué par de longues siestes et des nuits évoquant parfois des épisodes d’éveil irréguliers, peut faire écho à ce que les spécialistes modernes appellent le « sommeil fragmenté » associé à l’apnée.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire fréquent, décrit par des arrêts temporaires de la respiration lors du sommeil, qui durent de quelques secondes à une minute. La plupart du temps, ces arrêts sont dus à l’obstruction des voies respiratoires supérieures — c’est ce qu’on appelle l’apnée obstructive. Mais il existe aussi une forme centrale, liée à un dysfonctionnement du centre respiratoire dans le cerveau.

Lorsqu’elles se produisent, ces pauses respiratoires entraînent une baisse de l’oxygène sanguin, provoquent des réveils nocturnes et fragmentent le sommeil, conduisant à une fatigue chronique, une somnolence diurne, des troubles de l’humeur, voire un risque accru de maladies cardiovasculaires. Si non traitée, l’apnée du sommeil peut avoir des conséquences graves sur la santé, surtout chez les personnes âgées ou celles souffrant d’autres maladies.

Hypothèse : Churchill souffrait probablement d’une apnée du sommeil

Même si aucune de ces affections n’a été diagnostiquée à l’époque de Churchill, plusieurs éléments laissent penser qu’il aurait pu en être victime :

• Ronflements marqués : Churchill ronflait régulièrement, ce qui est un indicateur fréquent chez les personnes atteintes d’apnée obstructive.
• Pauses respiratoires et réveils nocturnes : les témoins évoquent des épisodes de pauses respiratoires, de réveils brusques ou d’insomnie chronique.
• Fatigue et somnolence : ses longues siestes diurnes ou son irritabilité peuvent faire partie des signes d’un sommeil non réparateur.
• Habitudes nocturnes inhabituelles : ses réveils fréquents, ses nuits fragmentées, ainsi que ses révélations sur ses difficultés à dormir, pourraient indiquer une apnée non traitée.

Durant cette période, la science n’avait pas encore mis en évidence l’importance de diagnostiquer et traiter ce trouble. Aujourd’hui, ces éléments seraient rapidement évalués par un spécialiste, et un diagnostic précis formé grâce à une polysomnographie.

La science moderne pour diagnostiquer et traiter l’apnée

De nos jours, l’apnée du sommeil est une pathologie bien comprise, et ses traitements (appareils de pression positive, perte de poids, chirurgie…) ont considérablement évolué. La polysomnographie permet d’enregistrer précisément les épisodes d’arrêts respiratoires, la saturation en oxygène, le bruit du ronflement, les mouvements corporels et l’activité cérébrale durant le sommeil.

Si Churchill vivait à notre époque, il aurait probablement consulté un spécialiste du sommeil, qui l’aurait évalué, confirmé ou infirmé l’hypothèse de l’apnée, et lui aurait proposé un traitement adapté pour améliorer la qualité de son sommeil.

Une réflexion historique sur la santé et la performance

L’histoire de Churchill illustre une vérité encore valable aujourd’hui : même les leaders emblématiques ou les personnes d’une endurance exceptionnelle peuvent souffrir de troubles invisibles. L’ignorance ou la méconnaissance de ces troubles à l’époque rendait leur diagnostic difficile, voire impossible. Pourtant, ces troubles peuvent avoir des effets délétères sur la santé, la performance et la longévité.