L’apnée du sommeil obstructive (SAHOS) est un trouble fréquent qui affecte des millions de personnes dans le monde. Elle se manifeste par des arrêts respiratoires involontaires durant la nuit, souvent accompagnés d’uneSomnolence diurne excessive, de maux de tête matinaux, et d’une fatigue persistante. Les traitements classiques tels que les appareils à pression positive (CPAP) ou la chirurgie sont efficaces, mais parfois difficiles à tolérer ou peu accessibles pour certains. Alors, pourrait une pratique ancestrale, simple et peu coûteuse, offrir une nouvelle voie pour soulager ces symptômes ? La réponse pourrait bien venir d’un objet que l’on retrouve dans plusieurs cultures : la conque.

Le symbole et l’histoire de la conque

Depuis des siècles, la conque, ou « shankh » en sanskrit, est utilisée comme instrument de musique ou de rituel dans différentes civilisations — Polynésie, Inde, Australie, Crète, Sardaigne… Cet énorme coquillage, dont la forme en spirale émet une sonorité profonde lorsqu’on souffle dedans, a souvent été associé à des pratiques spirituelles, de méditation et de purification. Mais au-delà de ses qualités acoustiques, cette pratique pourrait aussi avoir des effets bénéfiques sur la respiration, notamment en lien avec l’apnée du sommeil.

Une étude prometteuse : souffler dans la conque pour améliorer la respiration nocturne

Récemment, une recherche publiée dans la revue ERJ Open Research a apporté un éclairage scientifique à cette tradition. Sur un groupe de 30 personnes souffrant d’un syndrome d’apnée du sommeil modérée, la moitié a été invité à pratiquer régulièrement une technique appelée le « shankh », consistant à souffler dans la conque, tandis que l’autre moitié a effectué un exercice de respiration profonde. Tous ont été formés par des professionnels, puis encouragés à pratiquer au moins 15 minutes, cinq fois par semaine, pendant six mois. Les résultats sont encourageants :

• Réduction de la somnolence : le groupe soufflant dans la conque était 34 % moins somnolent pendant la journée.
• Amélioration du sommeil : ils ont déclaré dormir mieux et ont montré une baisse de 4 à 5 épisodes d’apnée par heure.
• Meilleure oxygénation : leur taux d’oxygène dans le sang durant la nuit était plus élevé.

Comment cela fonctionne-t-il ? Une méthode de respiration unique

Ce qui distingue cette pratique, c’est la manière dont on souffle dans la conque : une inspiration profonde suivie d’une expiration ferme et prolongée, avec les lèvres pincées. Ce souffle puissant génère des vibrations et celle résistance lors de l’expiration crée une sorte de musculation pour les muscles du haut des voies respiratoires, notamment la gorge, le palais et le voile du palais. Ces muscles ont souvent tendance à s’affaisser durant le sommeil chez les personnes atteintes d’apnée, obstruant partiellement ou totalement la respiration. En renforçant ces muscles, la pratique pourrait diminuer la fréquence des apnées et améliorer la stabilité des voies aériennes.

La structure spiralée du shankh, un avantage supplémentaire ?

Les caractéristiques physiques du coquillage en spirale jouent aussi un rôle interesting. La forme et la résonance acoustique pourraient stimuler davantage ces muscles, tout en apportant une relaxation bienvenue dans la pratique. La vibration et la tonalité générée pourraient avoir un effet apaisant sur le système nerveux, ce qui facilite également l’endormissement et la qualité du sommeil.

Une pratique simple, sans coût, et accessible

L’un des grands avantages de cette approche, c’est sa simplicité. Pas besoin d’appareils coûteux, ni de médicaments, ni de séances coûteuses chez le thérapeute. Avec seulement un coquillage et un peu de pratique régulière, on pourrait potentiellement réduire les symptômes de l’apnée du sommeil. C’est une technique accessible à tous, adaptable à domicile, et qui pourrait s’intégrer dans une routine de bien-être.

Que disent les experts ?

Le Dr Krishna K. Sharma, principal auteur de l’étude, souligne qu’il faut encore confirmer ces résultats avec davantage de patients. Néanmoins, il avance que cette méthode pourrait devenir une alternative ou un complément aux traitements traditionnels, surtout pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas utiliser une machine ou subir une intervention chirurgicale.

Il insiste aussi sur le fait que cette technique respire la simplicité et la sécurité, et qu’elle pourrait s’inscrire dans une approche globale de la santé respiratoire et du bien-être.

En conclusion

L’idée que souffler dans une conque puisse aider à lutter contre l’apnée du sommeil repose sur des bases scientifiques solides, et s’appuie sur une pratique ancienne. Bien que cette méthode, si elle est confirmée par d’autres études, pourrait offrir une solution complémentaire, naturelle et accessible à tous ceux qui souffrent de troubles respiratoires liés à l’apnée du sommeil. Elle pourrait également encourager une prise de conscience plus large concernant les bienfaits des exercices respiratoires, souvent sous-estimés dans la gestion des troubles du sommeil.