
#Dionysos d’#Héraclée et l’#Apnée du #Sommeil : un #Mythe #Oublié, une #Réalité #Millénaire
L’histoire médicale des troubles du sommeil remonte à bien plus longtemps qu’on ne croit. Si aujourd’hui nous disposons de diagnostics modernes et de traitements efficaces pour lutter contre l’apnée du sommeil, il faut savoir que ses symptômes, eux, existent depuis des millénaires. Parmi les figures mythologiques ou historiques qui pourraient être liées à ces troubles, Dionysos d’Héraclée occupe une place particulière, tout comme un symbole de la lutte contre la respiration qui se coupe.
La « tombée de la luette » : une vieille connaissance
Dès le 18ème siècle, certains écrits médicaux français évoquaient un syndrome qu’on pourrait qualifier aujourd’hui d’apnée ou de troubles respiratoires liés au sommeil : la « tombée de la luette ». Cette expression étrange désignait une luette enflée, pouvant obstruer la voie respiratoire, provoquant des troubles du sommeil, une fatigue chronique, et une santé dégradée. Même si l’on ne connaissait pas encore la physiologie précise, il était déjà évident que certains individus étaient victimes d’un blocage ou d’un ralentissement de leur respiration nocturne.
Plusieurs personnages célèbres — mythologiques ou historiques — semblent avoir été atteints de cette affection : Dionysos d’Héraclée, Winston Churchill, Napoléon Ier… Tous avaient en commun une fatigue chronique, des réveils nocturnes fréquents, une prise de poids et, souvent, des difficultés cognitives ou une humeur changeante.
Dionysos d’Héraclée : le héros mythologique qui aurait pu être « le premier apnéique » ?
Dionysos, le dieu du vin, de la fête et de l’extase, est une figure emblématique de la mythologie grecque. Mais dans certaines interprétations modernes, il apparaît comme un héros mythologique symbolisant aussi, derrière cette façade festive, la lutte contre la respiration intermittente.
L’histoire raconte qu’il était un homme d’Héraclée, et qu’il souffrait de troubles du sommeil, de ronflements puissants, mais surtout de pauses respiratoires intempestives. Dans sa nuit, Dionysos aurait vécu une succession de crises où sa respiration se couperait soudainement, laissant planer le spectre de l’évanouissement ou de la suffocation. La fatigue, la somnolence interminable, puis la reprise brutale du souffle, seraient ses compagnons nocturnes.
Une légende mythologique ou une réalité médicale ?
Bien entendu, Dionysos d’Héraclée n’est qu’un personnage mythologique, mais il incarne parfaitement l’idée que ces troubles du sommeil — ou plutôt, ces troubles respiratoires — existaient déjà dans l’antiquité, sous diverses formes. Et si, dans le passé, on ne connaissait pas leur cause, aujourd’hui, la médecine a clairement identifié cette pathologie : le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS).
Ce dernier se manifeste par des pauses respiratoires répétées durant le sommeil, qui durent entre quelques secondes et une minute. Ces interruptions, souvent dues à un resserrement ou effondrement des voies respiratoires supérieures, conduisent à un sommeil fragmenté, un réveil brutal, une fatigue chronique, et dans certains cas graves, des complications cardiovasculaires.
L’histoire moderne de l’apnée : de Pickwick à Sullivan
Ce qui est fascinant dans tout cela, c’est que ce n’est qu’au milieu du 20ème siècle que la science a commencé à déchiffrer cette énigme. En 1956, des médecins américains observant des patients obèses ont décrit un syndrome où ceux-ci s’endormaient involontairement, très fatigués, avec une somnolence extrême. Ils ont baptisé cette affection le « syndrome de Pickwick », en référence à un personnage Dickensien encombré et somnolent.
Mais c’est en 1965 que la véritable avancée eut lieu : Henri Gastaut, spécialiste en neurologie, remarqua chez ces patients des arrêts respiratoires répétés durant le sommeil. La terminologie “apnée” apparaît alors, pour décrire cette absence temporaire de souffle.
Puis, en 1972, le Dr Christian Guilleminault définit formellement le syndrome d’apnées obstructives du sommeil : plus de 5 arrêts respiratoires par heure constituent le diagnostic-clé, indépendamment de l’obésité ou d’autres facteurs.
C’est dans les années 1970-1980 suite que la révolution dans la prise en charge de cette pathologie se dessine.
Le docteur australien Colin Sullivan, ayant mené ses recherches sur les chiens molossoïdes (les seuls animaux à souffrir de troubles similaires aux humains), conceptualise une solution innovante : un masque de ventilation qui maintient en permanence l’ouverture des voies respiratoires par une pression positive. En 1980, après des expérimentations sur des patients, il développe la première véritable « machine à respirer » efficace contre l’apnée : la ventilation par pression positive continue (PPC).
La technologie moderne au service du sommeil
Aujourd’hui, cette technique est devenue la pierre angulaire du traitement de l’apnée sévère. Le masque de PPC, quand il est bien utilisé, permet de réduire drastiquement le nombre d’arrêts respiratoires, d’améliorer la qualité du sommeil, et de diminuer les risques cardiovasculaires associés. La médecine a aussi développé des appareils plus compacts, plus silencieux, et modulables selon les besoins de chaque patient.
Il ne s’agit plus seulement d’empêcher la suffocation nocturne, mais aussi de lutter contre une véritable maladie chronique qui impacterait la santé globale. La recherche continue d’affiner ces traitements, en intégrant des innovations technologiques et en approfondissant notre compréhension des causes.
La résonance avec nos figures historiques
Tout comme Napoléon ou Churchill, qui devaient lutter contre leur fatigue et leur somnolence en plein combat ou en pleine négociation, ces figures historiques ont peut-être été victimes de leur propre apnée. Leurs réveils fréquents, leur faible vigilance, leur prise de poids progressive — tout cela pourrait être la signature, dissimulée sous la légende, d’un syndrome qui fait encore aujourd’hui partie de notre inconscient collectif.
En conclusion : un vieux problème, une solution nouvelle
Cette rapide plongée dans l’histoire du syndrome d’apnées du sommeil montre que cette pathologie n’est pas nouvelle. Depuis la « tombée de la luette » jusqu’aux machines de pression positive, en passant par les personnages mythologiques ou historiques qui en auraient souffert, cette problématique s’inscrit dans la longue lignée des troubles du sommeil ayant façonné la vie des hommes.
Et si Dionysos d’Héraclée ou Napoléon avaient bénéficié des traitements modernes, leur légende aurait pu prendre un tout autre tournant. La science, en évoluant, a permis de transformer une inconnue mortelle en un problème traitable. Mais surtout, elle rappelle que dormir, c’est vital — et qu’apprendre à respirer correctement est la première étape pour vivre pleinement.
