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#Apnée du #Sommeil : le #Premier #Neuro-stimulateur #Implanté dans les #Armées #Françaises

La maladie du sommeil, souvent sous-diagnostiquée et mal connue du grand public, représente un enjeu de santé publique majeur dans le monde. En France, environ 10 % de la population serait touchée par cette affection nocturne, qui, si elle n’est pas traitée, peut entraîner de graves complications : hypertension, diabète, troubles cardiovasculaires, et surtout, des risques accrus d’accidents (notamment la somnolence au volant). Jusqu’à récemment, les options thérapeutiques existantes, telles que la pression positive continue (CPAP), les gouttières d’avancée mandibulaire ou les interventions classiques en chirurgie ORL, se révélaient souvent contraignantes, mal tolérées ou inefficaces chez certains patients.
Une révolution est en marche, portée par une initiative sans précédent dans le domaine médical militaire : la pose du tout premier neuro-stimulateur du nerf hypoglosse en France, réalisée à l’Hôpital national d’instruction des armées (HNIA) Laveran à Marseille. Cette intervention, menée par le médecin en chef Laure Allali, spécialiste en oto-rhino-laryngologie, ouvre la voie à un traitement innovant, efficace et peu invasif, pour une maladie qui touche des millions de Français… et pas seulement la population civile.

Qu’est-ce qu’un neuro-stimulateur du nerf hypoglosse ?

Ce dispositif, souvent comparé à un pacemaker, est un implant électronique placé sous la peau, généralement au niveau de la clavicule. Associé à un capteur placée sous la peau entre la 2e et la 3e côte, il détecte le rythme respiratoire et envoie un courant électrique de faible intensité pour stimuler le nerf hypoglosse. Ce nerf, qui innerve la langue, contrôle sa position. Lorsqu’il est stimulé pendant l’inspiration, il oblige la langue à avancer, empêchant ainsi son effondrement vers l’arrière, qui constitue la principale cause d’obstruction des voies respiratoires supérieures durant le sommeil.

Une fois implanté, le dispositif doit être réglé avec précision. Après une période de cicatrisation d’un mois, le patient apprend à activer le stimulateur et à définir la fréquence optimale pour ses nuits, lors de deux mois d’auto-titration sous surveillance.

Des opérations pionnières en territoire militaire

Ce qui rend cette démarche encore plus remarquable, c’est son contexte : il s’agit de la toute première intervention de ce type réalisée en France dans un établissement militaire, par une équipe composée majoritairement de personnels de santé militaires. Se déroulant dans un protocole rigoureux et impliquant une équipe pluridisciplinaire (chirurgiens, médecins, infirmières, anesthésistes), ces opérations ont été conduites dans deux sessions, le 12 novembre 2024 puis le 27 janvier 2025.

L’Hôpital Laveran, identifié comme centre pilote en France, bénéficie d’une expertise solide en gestion de l’apnée du sommeil. La prise en charge de patients éligibles à cette nouvelle technique est possible grâce à un réseau de centres spécialisés, ce qui facilite le recueil et la sélection des candidats.

Pourquoi une telle avancée est-elle cruciale ?

L’apnée du sommeil reste un vrai défi médical et social. La majorité des patients souffrant de cette maladie ne sont pas diagnostiqués ou ne reçoivent pas de traitement adapté. Pourtant, cette pathologie est un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires, la fatigue chronique, et elle est à l’origine de nombreux accidents de la route dus à la somnolence diurne. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elle serait la troisième maladie chronique la plus courante dans le monde.

Le traitement par neuro-stimulation représente une solution innovante, durable et efficace : il offre l’avantage d’être moins contraignant que les appareils de pression positive, qui nécessitent de porter un masque durant toute la nuit, souvent mal supporté ou mal toléré. D’un coût d’environ 20 000 € par dispositif, cette intervention est longtemps restée inabordable en France du fait de son prix, et peu accessible. Depuis 2024, le remboursement par la Sécurité sociale permet une véritable démocratisation de cette technique.

Un traitement accessible et adapté aux populations spécifiques

Les critères d’éligibilité ont été définis très strictement : le patient doit présenter entre 15 et 50 épisodes d’apnée par heure, avoir un indice de masse corporelle inférieur à 32, et surtout, avoir montré une intolérance ou une non solution aux traitements classiques comme le masque CPAP ou la chirurgie ORL. Cette sélection rigoureuse vise à garantir le meilleur résultat possible, en proposant une solution innovante à ceux qui en ont le plus besoin.

Quid des militaires ?

Bien que les quatre patients opérés jusqu’à présent soient des civils, cette avancée a tout son sens dans le contexte militaire. En effet, les militaires aussi sont touchés par l’apnée du sommeil, un facteur qui peut compromettre leur performance en opération, leur vigilance, voire leur sécurité. La question de l’aptitude opérationnelle après une implantation de neuro-stimulateur se pose donc.

Le médecin en chef Laure Allali a déjà entamé des démarches pour faire évoluer le cadre médico-opérationnel. Elle a déposé une demande auprès du docteur référent en pneumologie afin que l’administration militaire puisse intégrer une nouvelle procédure d’évaluation, et envisager une éventuelle adaptation des critères de validation de l’aptitude opérationnelle.
Les pratiques aux États-Unis, en Suisse, en Allemagne ou aux Pays-Bas montrent qu’aucune restriction spécifique ne bloque la réalisation de l’intervention, même si, selon le contexte, le port d’équipements ou d’armes peut nécessiter une adaptation des modalités.

En France, la règle actuelle stipule que si un militaire souffre d’apnée du sommeil non traitée ou mal traitée, il perd son aptitude à porter une arme ou à effectuer ses missions. La pose du neuro-stimulateur pourrait donc, dans l’avenir, non seulement améliorer la qualité de vie des militaires concernés, mais aussi sécuriser leur activité opérationnelle grâce à une meilleure gestion de la maladie.

Les perspectives d’avenir

Ce premier pas en France dans la pose du neuro-stimulateur du nerf hypoglosse constitue une étape essentielle dans la lutte contre une maladie encore mal contrôlée pour beaucoup de patients. La mise en place d’un protocole de diffusion plus large et la montée en cadence des interventions permettront d’élargir rapidement le nombre de patients traités.

Par ailleurs, cette innovation pourrait encourager la recherche pour améliorer encore la technique, réduire les coûts ou rendre les dispositifs encore plus adaptés aux besoins spécifiques, notamment dans le contexte militaire.

Conclusion

L’implantation du neuro-stimulateur du nerf hypoglosse par l’équipe du Dr Laure Allali à Marseille marque une étape décisive dans la prise en charge de l’apnée du sommeil en France. En combinant expertise médicale, innovation technologique et volonté d’intégrer cette avancée dans un cadre militaire, cette démarche témoigne d’une mutation profonde dans la lutte contre une maladie qui, si elle n’est pas traitée, peut avoir des conséquences graves tant sur la santé que sur la sécurité.

Il s’agit d’un consensus entre progrès médical, besoins de santé publique et enjeux de performance pour nos forces armées. La France ne rattrape pas seulement son retard, elle ouvre la voie à un avenir où chaque patient, civil ou militaire, pourra bénéficier d’une solution efficace et durable pour mieux dormir… et mieux vivre.

 

Partagez votre expérience , l’humain avant tout , car la médecine est une aventure humaine unique.

Dr  COUHET Eric
CEO #Apnea #Connected #Center.