Une maladie longtemps sous-estimée chez les jeunes

L’idée que l’apnée du sommeil concernait principalement des populations âgées, en surcharge pondérale ou avec des anomalies anatomiques, est en train de changer. De récentes études, notamment celles menées par une équipe du Centre médical Wexner de l’Université d’État de l’Ohio, signalent une augmentation notable du nombre de jeunes adultes, même en bonne santé et avec un profil physique normal, qui reçoivent un diagnostic d’apnée du sommeil.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire obstructif ou central du sommeil, caractérisé par des arrêts respiratoires répétés. La forme la plus commune, l’apnée obstructive, résulte d’un relâchement excessif des muscles de la gorge, qui obstrue les voies respiratoires supérieures lorsque le patient dort.

Les pauses respiratoires peuvent durer de 10 à plus de 30 secondes et survenir jusqu’à une centaine de fois par heure durant la nuit. Conséquence : un sommeil fragmenté, non réparateur, qui prive l’organisme d’un sommeil profond et restores vitales.

Symptômes essentiels et effets secondaires

Les signes nocturnes :

• Ronflements bruyants et réguliers
• Apnées perceptibles, avec pauses respiratoires ou réveils nocturnes soudains
• Agitation, mouvements involontaires, cauchemars
• Envie fréquente d’uriner la nuit
• Troubles urinaires ou troubles de l’érection chez l’homme

Les symptômes diurnes :

• Somnolence excessive (qu’il s’agisse de somnolence au volant ou lors de tâches répétitives)
• Fatigue persistante, besoin de dormir en journée
• Difficultés de concentration, irritabilité, troubles de l’humeur
• Céphalées ou maux de tête matinaux
• Baisse de performance cognitive et physique

Pourquoi la tendance s’inverse ?

Plusieurs facteurs expliquent l’émergence ou la recrudescence de cette maladie chez la jeunesse :

• Changements de mode de vie :
• Usage intensif des écrans favorisant des cycles de sommeil perturbés
• Stress chronique et anxiété, qui augmentent la fréquence des réveils nocturnes
• Sédentarité, qui favorise la surcharge pondérale ou l’atonie musculaire pharyngée
• Facteurs environnementaux et alimentaires :
• Consommation accrue d’aliments riches en sucres rapides, en graisses de mauvaise qualité, qui favorisent l’obésité voire le relâchement des muscles du pharyn
• Usage fréquent de substances relaxantes comme l’alcool et certains médicaments, qui relaxent les muscles de la gorge et aggravent l’obstruction respiratoir
• Facteurs anatomiques et physiologiques :
• Même chez les jeunes, certaines anomalies anatomiques (données par exemple par une hypertrophie des adénoïdes ou des amygdales, une mâchoire retroussée ou une langue volumineuse) peuvent favoriser cette obstruction, tout comme une faible tonicité des muscles oropharyngés.

Le profil du jeune adulte victime d’apnée : un leurre

Le stéréotype veut que seul le profil “typique” avec surcharge pondérale, âgé ou en mauvaise santé puisse souffrir d’un trouble du sommeil aussi grave. Or, le cas de Maddy Dumas, 30 ans, en pleine forme physique et svelte, en est la preuve. Elle témoigne : « Je ne ressemblais pas du tout à l’image du patient d’apnée. Pourtant, je subissais une fatigue chronique, des maux de tête matinaux et des réveils fréquents. Il a fallu un diagnostic pour comprendre que je souffrais d’apnée. »

Cette réalité montre qu’il faut revoir nos préjugés et rester vigilant même si l’on ne correspond pas aux “profils classiques”. La présence de plusieurs symptômes, même isolés ou légers, doit inciter à consulter un spécialiste.

La sous-estimation du problème et ses risques

Une étude américaine rapporte que 43 % des personnes interrogées pensent à tort que la somnolence diurne est uniquement liée à un manque de sommeil. Ce simple malentendu peut retarder considérablement le diagnostic. Or, l’apnée du sommeil non traitée est associée à de graves complications :

• Hypertension artérielle
• Risque accru d’infarctus ou d’AV
• Développement de maladies cardiovasculaire
• Diabète de type 2
• Déclin cognitif et troubles de la mémoire
• Accident du travail ou de la route accru à cause de la somnolence
• Troubles psychiatriques comme la dépression ou l’anxiété