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#Apnée du #Sommeil : un problème de #Santé #Publique sous-estimé

 

L’apnée du sommeil (SAS) est un trouble respiratoire chronique et fréquent qui touche des millions de personnes à travers le monde. Elle se caractérise par des épisodes répétés d’obstruction partielle ou complète des voies aériennes supérieures pendant le sommeil, entraînant des pauses respiratoires (apnées) ou une diminution significative du flux respiratoire (hypopnées).

Ces événements peuvent durer de quelques secondes à plus d’une minute et se produire des dizaines, voire des centaines de fois par nuit.

Mécanismes physiopathologiques et classification

La physiopathologie du SAS est complexe et multifactorielle. On distingue principalement deux types d’apnée :

  • Apnée obstructive du sommeil (AOS) : C’est la forme la plus courante, représentant environ 80 à 90 % des cas. Elle est causée par un collapsus ou un rétrécissement des voies aériennes supérieures, généralement au niveau du pharynx, en raison d’un relâchement excessif des muscles de la gorge pendant le sommeil. Des facteurs anatomiques (rétrognathie, hypertrophie amygdalienne, déviation de la cloison nasale), l’obésité (avec dépôt de graisse au niveau du cou) et certains médicaments (sédatifs, alcool) peuvent favoriser l’AOS.
  • Apnée centrale du sommeil (ACS) : Moins fréquente, l’ACS est due à un dysfonctionnement du centre respiratoire du cerveau, qui ne parvient pas à envoyer les signaux appropriés aux muscles respiratoires. Elle peut être associée à des maladies neurologiques (accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, prise d’opiacés).

Facteurs de risque et populations à risque

De nombreux facteurs augmentent le risque de développer un SAS :

  • Obésité : Un indice de masse corporelle (IMC) élevé est l’un des principaux facteurs de risque. L’accumulation de graisse autour du cou réduit le calibre des voies aériennes supérieures.
  • Âge : La prévalence augmente avec l’âge, en raison d’une perte de tonus musculaire et de modifications anatomiques.
  • Sexe : Les hommes sont plus souvent touchés que les femmes, mais l’écart tend à se réduire après la ménopause.
  • Facteurs anatomiques : Une mâchoire inférieure en retrait (rétrognathie), un cou court et épais, des amygdales volumineuses ou une déviation de la cloison nasale peuvent prédisposer au SAS.
  • Antécédents familiaux : Il existe une composante génétique, avec un risque accru si des membres de la famille sont atteints.
  • Consommation d’alcool et de sédatifs : Ces substances peuvent relâcher les muscles de la gorge et aggraver les apnées.
  • Tabagisme : Le tabac irrite les voies aériennes et favorise l’inflammation, augmentant le risque de SAS.
  • Certaines conditions médicales : L’hypertension artérielle, le diabète de type 2, l’insuffisance cardiaque et les accidents vasculaires cérébraux sont souvent associés au SAS.

Conséquences cliniques et comorbidités

Le SAS a des conséquences importantes sur la santé, tant à court terme qu’à long terme :

  • Somnolence diurne excessive : C’est le symptôme le plus fréquent, causé par la fragmentation du sommeil et le manque d’oxygène. Elle entraîne une diminution de la vigilance, des difficultés de concentration, une irritabilité et un risque accru d’accidents (de la route, du travail).
  • Hypertension artérielle : Les épisodes répétés d’hypoxie entraînent une activation du système nerveux sympathique, augmentant la pression artérielle et le risque de maladies cardiovasculaires.
  • Maladies cardiovasculaires : Le SAS est un facteur de risque indépendant d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral, d’insuffisance cardiaque, d’arythmies (fibrillation auriculaire).
  • Diabète de type 2 : Le SAS favorise la résistance à l’insuline et augmente le risque de développer un diabète.
  • Troubles cognitifs et dépression : La fragmentation du sommeil et le manque d’oxygène peuvent altérer les fonctions cognitives (mémoire, attention, raisonnement) et augmenter le risque de dépression et d’anxiété.
  • Risque accru d’accidents : La somnolence diurne excessive est un facteur majeur d’accidents de la route et du travail, en particulier dans les professions à risque (chauffeurs, opérateurs de machines).
  • Autres complications : Le SAS peut également être associé à des troubles de l’érection, une diminution de la libido, des maux de tête matinaux, une sécheresse buccale et une nycturie (besoin d’uriner fréquemment la nuit).

Diagnostic et dépistage

Le diagnostic du SAS repose sur :

  • L’interrogatoire médical : Recherche des symptômes (ronflements, pauses respiratoires, somnolence diurne, fatigue), des facteurs de risque et des antécédents médicaux.
  • L’examen clinique : Évaluation de l’IMC, de la circonférence du cou, de l’anatomie des voies aériennes supérieures et de la pression artérielle.
  • La polysomnographie (PSG) : C’est l’examen de référence, réalisé en laboratoire du sommeil. Il enregistre l’activité cérébrale (EEG), les mouvements oculaires (EOG), l’activité musculaire (EMG), le flux respiratoire, la saturation en oxygène, la fréquence cardiaque et les mouvements thoraciques et abdominaux pendant le sommeil. Elle permet de quantifier le nombre d’apnées et d’hypopnées par heure de sommeil (indice d’apnée-hypopnée ou IAH).
  • La polygraphie ventilatoire (PGV) : C’est un examen simplifié, réalisé à domicile, qui enregistre le flux respiratoire, la saturation en oxygène et les mouvements thoraciques et abdominaux. Elle est moins précise que la PSG, mais peut être utilisée pour le dépistage et le suivi des patients.

Traitement et prise en charge

La prise en charge du SAS vise à réduire les symptômes, à prévenir les complications et à améliorer la qualité de vie des patients. Les principales options de traitement sont :

  • Ventilation à pression positive continue (CPAP) : C’est le traitement de première intention pour l’AOS modéré à sévère. Un masque nasal ou facial est relié à un appareil qui souffle de l’air sous pression, maintenant les voies aériennes ouvertes pendant le sommeil.
  • Orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) : C’est un dispositif dentaire qui avance la mâchoire inférieure, augmentant l’espace au niveau du pharynx. Elle est indiquée dans les cas d’AOS léger à modéré ou en cas d’intolérance à la CPAP.
  • Chirurgie : La chirurgie peut être envisagée dans certains cas, notamment pour corriger des anomalies anatomiques (amygdalectomie, uvulo-palato-pharyngoplastie).
  • Mesures hygiéno-diététiques : La perte de poids, l’arrêt du tabac, la réduction de la consommation d’alcool et la pratique régulière d’une activité physique sont recommandées.
  • Traitement positionnel : Éviter de dormir sur le dos peut réduire les apnées chez certains patients.

Enjeux de santé publique et perspectives

Le SAS représente un enjeu de santé publique majeur en raison de sa prévalence élevée, de son sous-diagnostic fréquent et de ses conséquences potentiellement graves. Il est essentiel de :

  • Sensibiliser la population et les professionnels de santé : Informer sur les symptômes, les facteurs de risque et les conséquences du SAS.
  • Améliorer le dépistage : Développer des outils de dépistage simples et accessibles (questionnaires, applications mobiles).
  • Faciliter l’accès au diagnostic et au traitement : Réduire les délais d’attente pour les examens du sommeil et proposer des solutions de télémédecine pour le suivi des patients.
  • Améliorer l’adhésion au traitement : Personnaliser la prise en charge, proposer des alternatives à la CPAP (OAM, chirurgie), éduquer les patients sur l’importance du traitement et assurer un suivi régulier.
  • Lutter contre la stigmatisation : Informer sur le SAS pour réduire la honte et encourager les personnes à se faire dépister et traiter.
  • Mener des recherches : Mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques du SAS et développer de nouvelles approches thérapeutiques.

En agissant sur ces différents fronts, il est possible de réduire l’impact du SAS sur la santé individuelle et collective.

 

A MEDITER 

Partagez votre expérience , l’humain avant tout , car la médecine est une aventure humaine unique.

Dr  COUHET Eric
CEO #Apnea #Connected #Center