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#Apnée du #Sommeil et #Somnolence : la #Grande #Farce #Nocturne

 

On vante la nuit comme un sanctuaire de repos, un temple où l’âme se recharge et le corps tricote des miracles biologiques. En réalité, pour des milliers de personnes, la nuit ressemble davantage à une répétition générale d’un mauvais spectacle burlesque : l’apnée du sommeil, ce chef d’orchestre invisible qui coupe le son toutes les trente secondes, transforme le sommeil en série télé courte et mal écrite, et la journée en prolongation soporifique.

Commençons par le décor : l’apnéique est ce héros moderne condamné à snorer comme un vieux tracteur en phase terminale. Le partenaire de lit, courageux ou masochiste, vit avec un intermittent glitch sonore qui l’empêche de croire au calme. Mais à supposer qu’on soit seul — et tant mieux pour la couette — le corps, lui, ne l’entend pas de cette oreille. Le cerveau reçoit des messages d’alerte : “oxygène bas, réveille-toi, respire, reprends ton souffle, tout va bien” — tout cela à répétition toute la nuit. Résultat ? Un sommeil fragmenté, une succession de micro-réveils tièdes et inutiles, et un capital sommeil qui fond plus vite que les bonnes résolutions en janvier.

La conséquence la plus flagrante et la plus comique (si l’on peut rire jaune) est la somnolence diurne. Imaginez-vous, au volant, ponctuel et tranquille, et soudain la vigilance s’évapore comme un mauvais tour de magie. Le cerveau, en manque chronique de transe réparatrice, fait des clins d’œil intempestifs. On appelle ça la somnolence — cette faculté étonnante de transformer une réunion en somnifère en direct. Les collègues vous regardent, intrigués : “Il fait chaud, non ?” Non, non — vous êtes seulement en train de négocier une trêve avec votre cortex, qui a décidé que la sieste est un droit inaliénable.

Mais surtout, quelle épopée sociale ! L’apnée du sommeil a l’art de dissimuler ses assauts sous une légitimité de banalité. Fatigue ? C’est normal, on travaille dur. Maux de tête matinaux ? Café. Oublis et lenteur décisionnelle ? Stress. Prise de poids ? On vit peut-être trop bien. Personne ne soupçonne que la coupable se cache dans la chambre, avec son sourire silencieux et son oreiller complice. Et pour ceux qui consultent, l’imagerie administrative ajoute sa touche : “Faites un enregistrement du sommeil.” Traduction : “Partagez avec nous des nuits de détresse et de respiration inégale pendant qu’on vous juge.” On adore demander aux gens de prouver qu’ils sont fatigués — preuve que le monde médical aime autant la bureaucratie que la science.

Passons à la galerie des clichés : celui qui se réveille avec un goût de métal dans la bouche et des maux de tête, le conducteur qui s’endort au feu rouge, l’étudiant qui somnole pendant le cours magistral en balançant des idées révolutionnaires à tête penchée — tout cela prend les airs d’un film noir comique. La somnolence aiguë a ce talent pour rendre n’importe quelle activité monotone un champ de bataille micro-siesteux : lire un document, regarder une série, écouter un podcast, tenir une conversation — toutes ces tâches deviennent de redoutables épreuves d’endurance.

Traiter l’apnée ? Bien sûr. Mais ne croyez pas qu’il y ait de la poésie dans le traitement. Le CPAP, ou l’appareil à pression positive continue, c’est un peu la romance moderne : un masque sur le visage qui promet de sauver votre mariage et votre permis de conduire. Il transforme la chambre en cockpit d’astronaute économique. Certains l’adoptent comme un trophée de survie; d’autres le fuient, préférant la somnolence à l’astuce mécanique. Les chirurgies existent aussi, lorsque la gorge a décidé de tenir un sit-in. Et puis les conseils bien-pensants : perdre du poids, arrêter l’alcool avant de dormir, dormir sur le côté — autant de recommandations que l’on reçoit avec l’enthousiasme d’un condamné recevant une brochure touristique.

Il y a aussi la dimension comique-morbide de la responsabilité sociale : qui porte le chapeau pour les accidents causés par la somnolence ? Le sommeil n’a pas d’avocat. Les entreprises, souvent, comptabilisent les accidents, mais rarement veulent payer l’addition préventive. Le monde préfère le héroïsme du bistrotier qui compense sa fatigue par trois expressos plutôt que de financer un dépistage de masse. Et puis il y a la honte : avouer une somnolence pathologique revient parfois à avouer une faiblesse morale — “Tu ne tiens pas ta vie ? Tu dors mal ?” Comme si le sommeil était un trait de caractère.

Pourtant, au-delà du sarcasme, la réalité est sérieuse : l’apnée augmente le risque cardiovasculaire, la dépression, le diabète, le déclin cognitif. Elle n’est pas qu’un mauvais gag de nuit ; elle cisèle la qualité de vie. La somnolence n’est pas une simple paresse, c’est le signal rouge d’un corps mal réparé qui crie sans grandiloquence “réparez-moi”.

Alors que faire ? Mettre fin à l’hypocrisie sociale. Reconnaître que l’on ne juge pas un individu sur sa capacité à rester éveillé, mais que la société a intérêt à dépister et traiter. Stop aux diagnostics tardifs dictés par l’ennui bureaucratique. Faire de la fatigue une question de santé publique, pas une anecdote à raconter au café. Et pour les couples — traitez l’apnée comme un projet commun plutôt qu’un concours de résistance au ronflement.

En attendant, faites attention : si vous êtes tenté de rire du voisin qui somnole au bureau, souvenez-vous que demain il pourrait être celui qui bronche au volant. L’apnée du sommeil transforme la nuit en pièce de théâtre absurde, et la journée en contexture de siestes sauvages. Riez si vous voulez, mais faites juste attention à ne pas dormir sur vos lauriers : vous pourriez vous réveiller dans une file d’attente chez le cardiologue.

 

A MEDITER 

Partagez votre expérience , l’humain avant tout , car la médecine est une aventure humaine unique.

Dr  COUHET Eric
CEO #Apnea #Connected #Center.