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#CoupDeGueule : #Mal protégés, les #MédecinsGénéralistes délaissés face au #Covid19

#Coronavirus – Mal protégés, les #médecinsdeville sont livrés à eux-mêmes face au #covid19

Manque ou absence de masques, de protections… Plusieurs médecins généralistes font part de leur détresse devant les manquements des autorités. En première ligne contre l’épidémie de Covid-19, certains MG sont déjà infectés.

 

Des soignants de l’hôpital de Mulhouse, lors de la visite d’Emmanuel Macron. (Photo d’illustration)
Des soignants de l’hôpital de Mulhouse, lors de la visite d’Emmanuel Macron. (Photo d’illustration) | AFP / POOL / MATHIEU CUGNOT

 

Cloué chez lui, Antoine Héloury a la voix fébrile : Nous sommes livrés à nous-mêmes. Testé positif au Covid-19, ce médecin généraliste en Bretagne a dû fermer son cabinet. Entre protection insuffisante et informations lacunaires, ses confrères pointent les manquements des autorités.

« On n’est pas aidés »

J’ai un peu de fièvre, 38,4 °C, mais surtout des courbatures et une fatigue démesurée, confie le docteur, 57 ans, unique généraliste de Tréveneuc (Côtes-d’Armor). À J + 7, quand la maladie peut basculer dans des formes plus graves, il concède être moins bienUn copain médecin va venir m’examiner pour déterminer si une hospitalisation s’impose.

Il est catégorique, c’est à son cabinet qu’il a chopé le virusje revenais de congés dans un coin reculé du Pays basque, je n’avais rencontré personne. Il a dû se déplacer à l’hôpital de Paimpol pour se faire dépister après que le Samu lui a refusé le test.

Une centaine de consultations sans protection

Lundi 16 et mardi 17 mars, jour du confinement, il a enchaîné près d’une centaine de consultations sans aucune protection, à part une dizaine de masquesA priori, aucun patient reçu n’a depuis fait état de symptômes inquiétants, dit-il.

Je travaille seul, mon cabinet n’est pas adapté pour gérer ce genre de pathologies. Le Covid-19 ? On n’est pas très aidé. Je récupérais les infos sur internet, comme tout le monde, confesse-t-il.

À Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne), Michaël Bohbot peste contre les « promesses non tenues » d’Olivier Véran sur la livraison de masques FFP2 aux généralistesOn a reçu une boîte de 50 pour sept médecins et une dizaine d’infirmiers libéraux. Ça ne fait même pas la journée, grince-t-il.

C’est avec un stock périmé, datant de l’épidémie H1N1, qu’il reçoit ses patients et peut les dépister depuis lundi grâce à des kits fournis par un biologiste du coin. Il les réserve aux soignants symptomatiques. Mercredi, il a reçu un test positif, une préparatrice en pharmacie.

Nous sommes le « thermomètre »

À Rémilly (Moselle), Christophe Bergmann a réaménagé les plages de rendez-vous. Le matin, on ne prend que les gens non infectieux et on réserve l’après-midi pour tout ce qui est infectieux, pour éviter les contacts entre eux, explique le médecin. Du gel hydroalcoolique est disposé sur le comptoir de la secrétaire médicale et des masques sont distribués à l’entrée.

Pas de test à son cabinet, il faut aller au laboratoire. C’est un prélèvement nasal, ça se passe sur le parking. Les gens voient ça et ont un peu peur.

La proximité de Mulhouseépicentre de l’épidémie en France, et l’éruption de petits foyers de contamination dans le département autour de Forbach, catalysent les inquiétudes de sa patientèle. On passe beaucoup de temps à rassurer.

Même si, lui aussi, a peur d’être contaminé et concède avoir plus d’informations dans les médias que par nos instances, comme l’Agence régionale de santé (ARS). Avec plusieurs confrères de la région, il a créé un groupe d’entraide sur la messagerie WhatsApp.

C’est aussi grâce à la solidarité des entreprises et des mairies du coin, qu’un médecin du Finistère, qui souhaite garder l’anonymat, peut ausculter ses patients derrière son masque FFP2. Les stocks de son fournisseur habituel ont été réquisitionnés pour le premier tour des municipales. L’État a abandonné la médecine, peste-t-il. À la fin, on comptera les morts et il y aura des comptes à rendre pour tout le monde.

On a vu Emmanuel Macron dans des EHPAD, à l’Hôpital civil et militaire, je ne l’ai pas vu dans un cabinet de ville où sont reçus 80 % des patients potentiellement atteints du Covid-19, relève Michael Bohbot.

Aucun médecin généraliste libéral en activité – 60 000 en France – n’est présent également dans le comité scientifique qui conseille le chef de l’État et le gouvernement.

Une erreur, selon ce médecin : On est là pour dire ce qui se passe dans la vraie vie. S’il y a de la température, si le traitement est efficace. On est le thermomètre. C’est dommage de se priver de nous pour des décisions qui concernent le pays tout entier.

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-mal-proteges-les-medecins-de-ville-livres-eux-memes-face-au-covid-19-6794441