Santé connectée : le réveil des médecins se fait attendre
La génomique, la biologie moléculaire, l’immunothérapie, les nanotechnologies, la robotique… Nombreux sont les champs qui déjà font passer la médecine d’une discipline curative globale à une discipline préventive individuelle.
Le médecin qui, traditionnellement, soignait des maladies en posant un diagnostic personnalisé mais en prescrivant un traitement relativement standard, va maintenant devoir en quelque sorte contribuer à soigner des pathologies sur le point de se déclarer avec des traitements sur mesure.
Les Anglo-Saxons vont jusqu’à prédire : one patient one pill ! Cette formidable révolution technique pose deux défis redoutables, surtout dans lesystème français, remarquable par ses blocages :le financement et l’organisation des soins.
En effet, dans le contexte d’une médecine 3.0 basée sur l’analyse de gigantesques bases de données personnelles, l’Assurance maladie ne peut plus se contenter d’essayer de tout rembourser et de plus en plus mal, sous-traitant à reculons des pans de plus en plus larges du financement des soins aux complémentaires.
Nous allons désormais devoir faire la différence entre ce qui relève de la solidarité et de l’assurance.
Dans ce contexte où le coût des soins explose, l’offre de santé doit devenir plus efficiente et se réorganiser pour optimiser l’usage des nouvelles technologies et des nouveaux traitements.
L’hôpital va devenir un lieu de très haute technologie et de savoirs pointus, et moins un endroit d’hébergement. Quant au médecin généraliste, sa place va se trouver magnifiée… s’il sait se réinventer !
C’est le généraliste qui va constituer la porte d’entrée dans un système ultrasophistiqué et donc complexe.
C’est le généraliste qui va constituer la principale interface humaine dans un système de plus en plus informatisé et robotisé (aussi quand je constate l’absence de terminal carte bleue chez des médecins, je panique pour eux).
C’est le généraliste qui, plus qu’aujourd’hui, va devoir expliquer, rassurer, proposer les alternatives. La corporation des médecins est parfois conservatrice.
Il faut dire que leur formation correspond à l’exercice du métier au XXe siècle.
Mais les jeunes médecins doivent comprendre que ce qui se joue en ce moment, c’est la survie de leur profession.
Si les généralistes ne se réinventent pas, il est possible que, d’ici 15 ans, les robots à la Watson** les remplacent.
Ce serait dommage pour eux, et sans doute un peu pour nous.