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#Téléconsultation : #DésertMédical , le #Médecin 3.0 de l’autre côté de l’écran

« Petit village recherche médecin généraliste ». On a déjà vu passer plusieurs de ces petites annonces sur Facebook ou autres réseaux sociaux. Il faut dire que pour trouver un praticien et tenter de faire sortir sa commune de son désert médical, tous les moyens sont bons.

Le gouvernement a présenté les siens, vendredi, dans son plan de lutte contre ces déserts médicaux. Avec pour remède, pêle-mêle : doubler le nombre de maison de santé, encourager le « partage des tâches » ou le développement de la télémédecine.

Déserts médicaux: A Oberbruck, le médecin est de l'autre côté de l'écran (Illustration)

La télémédecine, c’est le choix (un peu contraint) fait par Oberbruck, dans le Haut-Rhin, suite au départ à la retraite de son unique médecin généraliste.

Dans ce village alsacien d’environ 400 habitants, le malade est bien pris en charge dans un cabinet médical… sauf que le doc’ est sur un écran. Oui, comme lorsque maman ou papa cherche à joindre le fiston parti à l’autre bout du monde sur Skype.

Le patient accueilli par un infirmier

Le cabinet d’Oberbruck, qui a demandé l’investissement de 45.000 euros de travaux de rénovation par la municipalité, ressemble physiquement à n’importe quel autre cabinet de médecin de généraliste, avec sa salle d’attente.

Le patient n’est pas seul au monde face à la technologie, qui prend ici la forme d’un chariot de télémédecine sur lequel l’écran est posé. Il est accueilli par un des deux infirmiers qui officient au cabinet. Ensemble, ils constituent le dossier administratif et demandent l’accord pour un dossier médical partagé. « On mesure aussi les constants : température, poids, taille, tension, pouls. On remplit un questionnaire. On fait l’historique de santé du patient en fait », explique l’un des deux infirmiers, Gaëtan Van Esbroeck

Le tout, une sorte de « premier diagnostic », est ensuite transmis au médecin qui voit pourquoi il est appelé et peut donc se connecter pour la visio-consultation.

Tensiomètre et smartphone

Sur l’écran plusieurs médecins interviennent, selon un roulement prévu à l’avance. Eux peuvent physiquement se trouver à Strasbourg, Nancy ou Bordeaux. Magie de la technologie.

La consultation peut alors commencer. « S’il y a besoin de voir un endroit en particulier, on est équipé pour. On a par exemple un smartphone pour regarder au fond de la gorge ou d’autres zones inaccessibles avec la caméra du chariot. Le médecin peut même prendre des photos à distance », détaille Gaëtan Van Esbroeck. De même, lorsque ce dernier pose le stéthoscope sur le patient, le médecin entend tout.

Le cabinet dispose des outils : pour le conduit auditif, le fond d’œil, vérifier les grains de beauté, faire des échographies ou des électrocardiographies.

Des patients « un peu réticents »

Le médecin n’a plus qu’à rédiger le compte rendu de la consultation et l’ordonnance, transmise via le chariot de télémédecine et imprimée donc par l’infirmier.

Reste que la consultation n’est pas commune. « Les patients les plus âgés étaient un peu réticents au départ », raconte le maire d’Oberbruck Jacques Behra.

C’est vrai que certains patients étaient un peu dubitatifs par rapport aux nouvelles pratiques. Mais après avoir essayé, ils ressortent satisfaits. La preuve, c’est qu’ils reviennent. ça répond à un besoin de la population », dixit l’infirmier du cabinet de télémédecine d’Oberbruck.

Bientôt la télémédecine à domicile

Depuis son ouverture il y a un an, le cabinet a enregistré 373 consultations. « Ce n’est pas la solution miracle, mais c’est une solution », juge encore Jacques Behra. Une solution qui lui a été proposée par l’Association de soins et d’aides Mulhouse et Environs (Asame).

Celle-ci compte aller plus loin : l’Asame va, à Oberbruck, faire de la télémédecine à domicile. Eh oui, avec le médecin à l’intérieur d’une mallette de téléconsultation. Une connexion à Internet et hop, le praticien est en direct dans votre salon. « On lancera l’expérimentation dans le mois sur des pathologies précises, comme le diabète ou les plaies chroniques. On ira également les Ephad », précise Cathy Hanser de l’Asame.

L’association a en outre des projets d’ouvertures de trois nouveaux cabinets du même genre dans les zones haut-rhinoises dépourvues de médecins généralistes, en janvier 2018. Pourtant, à en croire la Mutualité française, qui mène actuellement une campagne de sensibilisation grand public, niveau désertification, l’Alsace n’est « pas dans l’urgence de la crise ». Même si certains territoires alsaciens (les vallées, le Sundgau, etc.) sont plus touchés par le manque de généralistes.

Mais compte tenu du vieillissement de la population mais aussi de celui des praticiens (et les départs à la retraite), l’inquiétude pointe. Le maire d’Oberbruck illustre : « Dans trois, quatre ans oui, on pourrait être un vrai désert médical. Pour le moment, il y a encore un cabinet médical de six, sept médecins à une dizaine de kilomètres. Mais la plupart sont proches de la soixantaine. Il faudra alors trouver des remplaçants, sinon… »